– Sauf si... 6.07.24
Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’humanité, et on se replie sur nous ?
Ce n’est pas souhaitable.
Faut-il encore rappeler les faits ? Le climat se réchauffe de la faute de l’espèce humaine, et si l’environnement et les autres êtres vivants en vivent des conséquences plus dramatiques que nous, nous en voyons les impacts au quotidien : sécheresse accentuée, sols érodés, nombres d’espèces en fort déclin (on parle de 6ème extinction de masse quand même), événements météo catastrophiques de plus en plus fréquents.
Face à ça, quel est la réponse politique ? Le repli sur soi ? La fuite en avant pour poursuivre une chimère d’économiste, la croissance ? C’est hélas ce qui nous est proposé au vote dimanche prochain.
On dégringole droit dans l’abîme.
Sauf si...
Sauf si la joie reprend le dessus sur la peur. Il y a tant de merveilles ! La Vie est merveilleuse, et pour peu qu’on y travaille un peu, nous pourrions vivre dans une forme d’abondance. Comment ? En partageant. En prenant soin du vivant, qui en retour prendra soin de nous. Le don est le ciment social par excellence. Si nous réinstaurions une culture qui s’appuie sur le don, et non sur une comptabilité marchande, nous vivrions autrement mieux !
Sauf si on décide de prendre soin les uns des autres. Oui, la vie est injuste, et quand j’entends certains électeurs RN, je comprends que les situations qu’ils décrivent les interpellent. Ce qui me gène, c’est leur réponse à ça. C’est la diversité qui est une richesse morale, et l’ouverture qui donne des opportunités économiques ; le repli sur soi n’amènera pas de richesse à ceux là même qui les éliront. Taper sur d’autres quand on se sent soi-même maltraités ? C’est un peu con, quand même. Et puis, les Shadocks l’ont parfaitement analysé : quand on veut qu’il y ait le moins de mécontents, il faut toujours taper sur les mêmes.
Sauf si on change notre façon de participer à la chose publique, la res publica, notre bien commun. Voter ne suffit plus. Être élu ne suffit plus. Il faut que ces étapes singulières que sont les élections nous engagent. Certes, défendre ses idées, quand on est élu pour elles. Mais surtout, défendre la vie en commun. Travailler au consensus. J’ai lu un jour dans une école anglophone "Courage is what it takes to stand up and speak. But courage is also what it takes to sit down, and listen." Se taire et s’asseoir, et enfin, s’écouter. Enfin, je crois qu’un immense travail nous attend sur nos institutions, qui n’amènent aux fonctions de pouvoir que des gens qui les recherchent. Si on laisse le pouvoir aux gens qui le veulent, on est foutu. Ce n’est pas le pouvoir que les élections devraient apporter : ce sont les responsabilités.
Sauf si on partage. Le partage pourra compenser les aléas locaux, les malheurs des uns seront pris en charges par le bonheur des autres. C’est la solidarité.
On va droit vers l’extinction de l’espèce, sauf si on décide d’inventer autre chose, d’être créatifs, d’être joyeux. Et constant. La constance du jardinier.
Les issues de cette élection ne changeront pas tout, mais en fonction de la voie choisie, le chemin n’en sera que plus compliqué.
Nicolas Monseu
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