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Vincent Edin : Vive le droit contre l’extrême-droite.

Aussi indépendant que possible, Chroniques

Les Chroniques de Yonne Lautre

 Vive le droit contre l’extrême-droite. 31.08.24
Depuis cette année, l’extrême droite gouverne aux Pays Bas et dans la torpeur de l’été elle a tenté de poser la première pierre du Graal des fascistes : la remigration. Ce concept raciste, conspirationniste et reposant sur la thèse de guerres civiles et raciales en Europe entreprend d’expulser des citoyens du pays d’Europe où ils résident pour les renvoyer dans leur pays supposément d’origine, en réalité celui de leurs aïeux. Ça ne tient pas juridiquement, mais c’est un carburant politique pour les rageux qui pensent que tous leurs malheurs viennent des non blancs arrivés en Europe. L’AfD en Allemagne avait fait scandale quand on avait appris qu’ils avaient planché, dans le secret et avec des néonazis, sur les possibilités juridiques de renvoyer des millions d’allemands "insuffisamment assimilés" vers l’Afrique et la péninsule arabe...
Aux Pays Bas, la nouvelle ministre de l’asile voulait passer de la théorie à la pratique en expulsant un enfant de 11 ans (c’est lui en photo), hollandais pour le renvoyer vers l’Arménie natale de son géniteur... Je pense que nous ne mesurons pas la gravité de cette décision. Il n’a rien fait, pauvre môme, ne connaît rien à l’Arménie, rien ne va. Une campagne haineuse, la complicité de quelques juges et il devait être expulsé demain. Les avocats de l’enfant ont réussi à empêcher cette horreur, mais ça va galvaniser encore plus les haineux. Ils veulent la guerre civilo ethnique. Le droit reste un de nos meilleurs alliés pour l’empêcher, mais il ne résistera pas éternellement à des gouvernements d’extrême droite...
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 Elise Fabing "Ça commence avec la boule au ventre" 26.05.24
Important ! Les attaques contre le droit du travail se multiplient ces dernières années entre la précarisation des statuts (auto entrepreneurs pour éviter de recruter) et l’instauration de barèmes Macron pour moins indemniser les salarié.es victimes d’employeurs… ce climat général met un grand nombre de personnes dans une logique d’impunité et quand on croise cela avec la question féministe, cela atteint des records de dégâts. Dans cet essai documenté par sa vie à défendre les victimes, Elise Fabing revient beaucoup sur l’état dans lequel elle trouve ces femmes. Amaigries, hagardes, dépressives, avec des pensées suicidaires.
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 « Fort avec les faibles, faible avec les forts » 24.04.24
Étrange télescopage d’actualités, hier. Le gouvernement a hier annoncé un nouveau tour de vis qui vire à la névrose sur l’assurance chômage. Il s’agit, selon les décomptes de la 3 ou 4eme réforme depuis 2017 alors même que le régime de l’assurance chômage, géré par les partenaires sociaux, est profitable à hauteur de plusieurs milliards par an. Le déficit de l’UNEDIC n’est lié qu’à la crise COVID où l’état lui a demandé de s’endetter de façon exceptionnelle et aujourd’hui, alors que les profits sont très conséquents, l’État ponctionne plusieurs milliards pour faire fonctionner France Travail... Pour que son impéritie financière ne soit pas trop flagrante, on proclame une très démagogique réforme faisant gagner au mieux quelques dizaines de millions d’euros sur les plus fragiles, en coupant encore dans la durée de l’indemnisation chômage et en limitant la durée... Ce alors que l’assurance chômage est un droit, pour lequel les travailleur.euses ont cotisé, ils ne "volent" aucun argent public, contrairement aux fariboles qu’on nous raconte. Du même que le régime de l’intermittence, celui de l’assurance chômage se gère tout à fait, mais on ne risque jamais rien dans l’opinion à prendre des accents poujadistes pour parler des assistés.

Pendant ce temps, les vrais parasites au sens littéral, à savoir ceux qui s’engraissent considérablement sans travailler sont toujours impunis. On apprenait hier que le rachat d’actions avait battu des records en 2023 avec 30 milliards de pure spéculation, dont la moitié pour les seuls Total Energie et BNP Paribas, deux boîtes qui nous vantent leur changement de modèle... Y a des perquisitions qui se perdent...

La pratique du rachat d’actions gêne jusque dans les milieux financiers tant c’est absurde et à l’évidence, uniquement une manoeuvre dilatoire pour optimiser les profits. "Oui mais c’est légal" répondent les corniauds. Macron lui même avait déclaré l’an dernier que c’était injuste avant de se faire souffler dans les bronches par Bernard Arnault qui avait mis en suspens son sponsoring aux JO. Las, Macron a une nouvelle fois cédé et LVMH met bien, ses 150 ou 200 millions pour soutenir la grosse kermesse d’août prochain...

Le contraste est juste fou entre quelques dizaines de millions prélevés sur ceux qui n’ont presque rien et des milliards qu’on laisse en dépit de tout bon sens à ceux qui ont plus que tout.
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 L’Apartheid scolaire socialement accepté. 19.03.24
Alors qu’ils représentaient 26,4 % des élèves du privé en 2000, les enfants issus de familles très favorisées pèsent désormais pour plus de 40 % des effectifs et cette proportion est encore plus affolante au collège. Prolongeant cette tendance séparatiste et en se fondant sur les données on ne peut plus publiques et officielles d’Afflenet en 2023, on arrive à des collèges quasi intégralement ségrégué dans moins de dix ans...

L’excuse invoquée par nombre de parents sur le niveau ne tient pas. Comme il est écrit noir sur blanc dans le dernier rapport PISA "à niveau social équivalent, les résultats sont meilleurs dans les établissements publics". Le niveau des établissements privés est artificiellement monté par une sélection sociale littéralement séparatiste. Et ce, contrairement aux idées reçues, quasi exclusivement sur fonds publics avec des subsides d’État à près de 75% mais aussi des aides facultatives folles de la part des collectivités territoriales. Au premier rang, la Région Ile de France de Valérie Pécresse avec qui a augmenté les au privé de 450 % entre 2016 et aujourd’hui, pour atteindre 10 millions d’euros programmés en 2024.

Ça n’est plus une scolarité "à deux vitesses", mais à 200 ! Qui sur Linkedin a entendu parlé ou relayer la grève ultra légitime menée par les profs, en Seine Saint Denis ? Je dis ultra légitime car en moyenne, les élèves là bas qui arrivent au baccalauréat ont perdu une année de cours à cause des absences non remplacées... Un an ! A cause d’une paupérisation sans nom, bien sûr, mais surtout de priorités territoriales qui contredisent en tous points l’égalité républicaine dont nous nous rengorgeons si souvent...

Interdire aux établissements privés sous financements publics de faire du séparatisme scolaire est une urgence vitale pour ne pas renforcer le destin au berceau auquel nous condamnons un nombre croissant de nos enfants. Et donner des moyens en fonction des besoins, là où les collectivités sont plus pauvres, où les parents n’ont pas les moyens de combler, ça devrait être l’évidence mais c’est l’inverse qui se produit puisque Stanislas et ses 92% de CSP++ touche bien plus de fonds publics que les collèges lycées du 93.
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 L’IA brûle la planète et nous regardons ailleurs. 15.03.24
Masterclass du besoin d’un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique. Le Monde a pourtant fait de gros efforts ces derniers mois, mais voilà qu’en Une, ils titrent sur l’IA avec toute la grammaire de la croissance illimitée classique : besoins d’investissements massifs, révolution des emplois, destruction créatrice, tout miser maintenant pour ne pas être pris de vitesse...
Je ne suis pas naïf, je sais que Poutine a dit "qui maîtrisera l’IA maîtrisera le monde au XXIeme siècle". Les applications actuelles sont terrifiantes en termes d’armes autonomes, de destabilisation de l’information et autres. C’est vrai. C’est pour cela qu’il faut tout mettre pour encadrer, réguler et limiter l’IA, interdire nombre d’applications, pas investir des milliards pour que l’avenir des deep fakes pornographiques ou des pubs intuitives soient made in France plutôt que made in USA. Car pendant qu’on agite les menaces réelles et qu’on nous appâte avec de chimériques progrès en santé ou en éducation (pour l’heure, rien de transformant), l’écrasante majorité de l’énergie de l’IA sert à complexifier, moderniser et diffuser de la publicité et de la captation d’attention humaine... Et à un coût écologique intenable.
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 Lactalis et son beurre made in France, mais son argent du beurre au Luxembourg... 15.03.24
Une actualité chassant l’autre, on ne parle plus des suicides des agriculteurs à bout et ne parvenant pas à joindre les deux bouts... La solution populiste primaire (taper sur "les normes" "la bureaucratie", "Bruxelles") aura des conséquences sanitaires catastrophiques en premier lieu pour les agriculteurices et l’ensemble des français.es, mais ne change rien à la question du revenu. On leur a expliqué qu’il n’y avait pas d’argent magique, Michel Edouard Leclerc dit que son nom a été sali et Emmanuel Besnier est, comme toujours, resté silencieux. Et on le comprend, car même une rhétorique de ténor du barreau peinerait à justifier l’injustifiable...
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 L’inondation RN. 13.03.24
Avec le recul, l’allégorie du "barrage républicain" est bien la bonne, mais pas dans le sens escompté : quand la pression de l’eau est trop forte, le barrage se fissure de toutes parts et l’inondation est d’autant plus violente. La lecture des dernières études sur le vote RN souligne cette impression d’un courant inarrêtable avec une double force : renforcement et élargissement du vote.
Renforcement du vote historique des ouvriers et employés qui vont encore voter. On peut se consoler en se disant que l’abstention est le premier vote des catégories populaires, mais on doit se désoler à voir l’ahurissant 58% d’intentions de vote RN pour les ouvriers, 43% pour les employés. Le match est plié.
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 Moyen et médian sont dans un bateau... 4.03.24
Comme l’exprime un commentaire viral sous cette infographie inepte "10 SDF sont dans un bar, Bernard Arnault rentre : leur patrimoine moyen est de 20 milliards". Le patrimoine médian des français est de 124 800 euros... Si le patrimoine moyen est de 446 000, cela laisse songeur sur l’explosion des inégalités dans notre société héritocratique.
Pour mémoire, comme le rappelle Nicolas Frémeaux notre économiste spécialiste de l’héritage : dans les années 60, 1/3 du patrimoine français est hérité, 2/3 dû au travail. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Aujourd’hui, 85% des français ne payent pas de droits de succession, précisément parce qu’ils héritent soit de dettes, soit de rien, soit d’un patrimoine inférieur à 120 000 euros par enfant ou héritier direct.
A ce degré de propagande pour ne pas montrer la paupérisation du pays, faut saluer le travail...
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 Quand la charité se fout de l’hôpital : quand les milliardaires fraudeurs font croire aux classes moyennes que le problème vient des très pauvres. 24.02.24
Cette série d’Arte sur le capitalisme américain est d’utilité publique. Ma préférence va pour ce 3eme volet, où l’on voit 40 années pendant lesquelles le modèle américain va muer vers du pur libertarianisme à la Ayn Rand (son illisible pavé écrit avec les pieds sur 1200 pages "Atlas shrugged" ou "la gréve" est le deuxième livre le plus vendu dans le pays après la Bible...) avec un abaissement sans précédent des impôts des plus riches main dans la main avec l’État. Les fariboles sur le thème "aux États-Unis, l’État n’intervient pas" émanent de types qui n’ont pas dû se pencher sur la question, car c’est l’inverse. La Silicon Valley s’est bâtie sur fonds publics avec des interventions, des commandes, des directives très fortes de l’État central qui a abandonné l’idée de récupérer ce qui lui revient partout : les richesses crées sur son territoire.
Ce qu’on voit là, c’est l’accumulation sans précédent de fortunes privées qui fraudent massivement le fisc, soit dans les paradis fiscaux hors des US, soit au Delaware. Des centaines de milliards qui manquent aux hôpitaux, aux écoles, aux infrastructures américaines. Pour rendre ce gigantesque hold up socialement acceptable, tous les milliardaires de Gates à Bezos affichent une philanthropie ostentatoire, laissant croire que leurs fortunes crée de l’utilité sociale.
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 L’homme qui a hérité de deux vies de travail donne des leçons à celles et ceux qui voudraient travailler... 10.02.24
En 2024, 18% des salarié.es sont au SMIC. Gabriel Attal ne s’adressait pas à eux, mais à ceux qui sont aux minimas sociaux qui "coûtent un pognon de dingue" selon lui, raison pour laquelle il leur explique que c’est le travail qui va les sortir de la pauvreté. Sauf que c’est faux. Le nombre de travailleur.euses pauvres explosent car on ne fait rien pour lutter contre les dépenses contraintes (logement, santé avec l’explosion des mutuelles, énergie...) et une part croissante des salarié.es touche aujourd’hui le SMIC et c’est là où ça devient croquignolet. Le SMIC 2024 est de 1334 euros nets. Si on multiplie ce chiffre par 12 puis par 42 pour les annuités ont obtient : 672 336 euros. Voilà ce que rapporte l’intégralité d’une vie de travail au SMIC. Si vous arrivez à épargner 20 000 euros sur tout cela, c’est déjà beau.
Et voilà donc qu’Attal vient leur donner des leçons lui qui, à 34 ans bénéficie selon la HATVP d’un patrimoine 100% hérité de plus d’1,5 millions d’euros en assurance vie, en part d’une maison en corse et autres... Il a hérité deux vies de SMIC et il vient donner des leçons... Encore et toujours : dans les années 60, le patrimoine des français.es était pour 1/3 de l’héritage, 2/3 du travail, aujourd’hui c’est l’inverse ! Il nous faut une nouvelle nuit du 4 août, mais suivie d’effets, cette fois, pour mettre fin aux insupportables privilèges de naissance...
Page de pub : le nouveau numéro d’Usbek & Rica est en librairie depuis jeudi et consacre son grand dossier au futur de l’héritage, avec une enquête à 4 voix par ma pomme sur ce à quoi pourrait ressembler une réforme juste de l’héritage.
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 On meurt au travail et les employeurs regardent ailleurs. 8.02.24
Merci au Monde pour cette grande enquête très sourcée, chiffrée et précise. Le sujet est éminemment délicat et trop souvent on balance entre déni et outrance. Déni du type "les morts au travail, c’est pour les pays pauvres, c’est le Bangladesh" (ce qui n’empêche pas les mêmes d’acheter des vêtements "made in Bangladesh" sans se poser de question). Outrance type "silence, on assassine" comme le déplorable livre de Sandra Lucbert sur le procès du management d’Orange "tout le monde sort les fusils", festival de points Godwin qui transforment des managers en capo....
N’en déplaise à Lucbert, je ne connais aucun employeur qui se frotte les mains à l’idée que l’on meurt pour augmenter la marge nette de son entreprise. Néanmoins, et c’est ce que montre l’article, le nombre de morts au travail ne baisse plus depuis 15 ans, remonte même ces dernières années à cause de négligence de sécurité. Premier ciblé, le BTP avec une prévalence d’accidents mortels 3 fois supérieur à la moyenne des métiers salariés, ce qui ne prend pas en compte les agriculteurs, les pêcheurs et autres... A chaque fois, on voit qu’une course à la rentabilité exclut les protocoles, normes (encore elles...) et autres garanties de sécurité car elles feraient perdre trop de temps. Si le "risque zéro" n’existera jamais, force est de constater que nous nous reposons trop dessus pour excuser les accidents mortels. C’est bien pour cette raison que les jeunes et les intérimaires (deux fois plus) payent le plus lourd tribut à ces décès en cascade, 2 par jour, plus de 700 par an, donc.
Pire, un autre article de l’enquête montre un déni fou : l’Assurance Maladie recense 40 suicides liés au travail par an quand les associations de victimes en dénombrent 20 fois plus ! 800 morts... Pour expliquer l’écart abyssal, il faut comprendre que le lieu du suicide est prédominant et si vous ne vous tuez pas au bureau, le doute est là... Dans le même article, un baromètre de novembre 2023 parle de 48% des salarié.es en détresse psychologique... Il faut arrêter le massacre et donner "Cora dans la spirale" meilleur roman français (de Vincent Message) sur la question qui montre la spirale du harcèlement insidieux poussant à commettre l’irréparable...
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 Déni de privilège. 03.02.24
Un tweet devenu viral disait qu’Amélie Oudéa-Castera a fait plus pour éduquer la population française aux mécanismes de circulation et de reproduction des capitaux symboliques en 10 jours de prises de parole que Pierre Bourdieu en 20 ans au Collège de France. Et ça continue d’être vrai tant elle s’enfonce dans le déni de ses privilèges.
Ici, elle nous ressort le must du "j’ai travaillé dur, je mérite, je suis parti de rien". Je pense qu’elle le croit. Elle ne se rend même pas compte que son père était directeur général de Publicis et sa mère DRH, qu’elle a eu les codes, le soutien, l’aide aux devoirs, à l’apprentissage des langues, bref qu’elle partait avec 50 mètres d’avance sur la ligne de départ du 100 mètres... Au-delà d’AOC, nombre d’héritiers sont dans la même veine, s’auto tressent des louanges de mérite et travail. Trump dit qu’il est un self made man, oubliant les 250 millions de dollars apportés par son père Fred.
Ça n’est pas une honte d’être riche (si on n’a pas fraudé...) ni de vouloir donner le meilleur à ses enfants, évidemment. Je suis moi même un héritier et je sais que mes filles partent extrêmement favorisées scolairement (je parle de ce que leur inculquera leur mère...). En revanche, c’est une honte de ne pas reconnaître ses privilèges, de prétendre qu’on ne doit rien, à ses parents comme à la société. Dans le cas d’Oudéa Castera, c’est une faute professionnelle lourde : la République ne doit pas reconnaître des égaux, mais en faire disait Gambetta. Il faut donc reconnaître les inégalités, les privilèges pour donner plus à celles et ceux qui ont besoin de plus et moins à celles et ceux qui comme Castera, ont déjà tout.
Les rapports PISA insistent tous sur le caractère ultra inégalitaire de l’école française : avoir comme ministre quelqu’un qui est dans le déni de cette réalité, c’est suicidaire. Qu’elle se concentre sur sa grande kermesse sportive des JO et qu’elle laisse l’école à des personnes qui veulent la rendre plus juste.
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 Guerre de sécession scolaire. 30.01.24
Cette infographie rassemble les 5 315 collèges publics et 1 658 collèges privés sous contrat à la rentrée 2022/2023. Les établissements sont classés selon deux variables :

• En abscisse (horizontalement), l’indice de position sociale permet de situer le profil social des élèves : plus il est élevé, plus ils et elles sont en moyenne d’origine sociale favorisée ; plus il est faible, plus ils et elles sont d’origine défavorisée socialement.
• En ordonnée, l’indice d’hétérogénéité sociale renseigne sur la mixité ou, a contrario, la ségrégation des élèves : plus il est élevé, plus le profil social des élèves est diversifié ; plus il est faible, plus le collège est homogène socialement.

A part deux petits points bleus perdus en bas tout à droite, ce qu’on voit c’est une marée rouge en bas (endogamie) et très à droite (richesse) : l’école privée fait sécession sur fonds publics.

Ça n’est pas une question de niveau, puisque le rapport PISA rappelle que "à niveau social égal les résultats dans le public sont sensiblement meilleurs", mais une envie d’entre soi, de ne pas exposer ses enfants à des opinions progressistes voire pire féministes ou écologistes, ne pas subir les -légitimes- grèves de professionnel.les aux conditions de travail qui se dégradent.

C’est une envie de vomir tout ce que représente le service public, l’universalité d’accès, l’obligation de mixité, mais tout en laissant la solidarité nationale financer ce séparatisme. Sans doute le principal scandale financier de ce pays : 12 milliards d’euros publics employés chaque année pour saborder la cohésion publique.
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 Lobollotomie. 23.01.24

C’est peu de dire qu’un grand nombre de médias (pas le Monde, fort heureusement, avec ce salutaire article) appartenant à des oligarques emboîtent le pas de Vincent Bolloré dans un mouvement de fascisation des élites avec une ligne éditoriale fondée sur l’exacerbation des faits divers et la remise en cause du dérèglement climatique, deux piliers idéologiques de l’extrême-droite.

"Le fait divers fait diversion" écrivait Bourdieu et cette longue enquête de revenir sur la manière dont les médias ont changé leur modèle économique, poussant la reprise d’incidents mis en lumière par la fachosphère (au premier rang desquels le conseiller de Marion Maréchal et proche de Zemmour, Damien Rieu) pour faire croire à une guerre civile. Cela a des conséquences dans la vraie vie : c’est à cause de leurs campagnes haineuses que la maison du maire de St Brévin a été incendié et l’édile victime d’une tentative d’assassinat. C’est à cause de leur paranoïa voyant "deux France qui s’affrontent" dans une bagarre de jeunes ayant dégénéré à Crepol que 100 militants radicalisés d’ultra droite sont descendus armés pour faire une "ratonade".

Cette longue enquête détaille comment des éditorialistes conspirationnistes (Thaïs D’Escuffon) apologues de la haine (Zemmour a déjà été condamné 4 fois, ces affidés sont du même registre) sont invités comme "experts" au mépris le plus élémentaire des faits. Et leur approximation informationnelle se retrouve évidemment sur le sujet du dérèglement climatique, leur autre dada.

Au delà des médias mainstream, ils financent des programmes en ligne très suivi (l’institut des libertés de Charles Gave, mécène de Zemmour, Livre Noir ou encore le Crayon qui se présente faussement comme un média de jeunes mais invite Zemmour et ne le contredit pas quand il prétend que le Grand Remplacement est une thèse scientifique...) qui augmentent leur audience.

Dernier point très inquiétant sur leur emprise : leur capacité à chasser à meute quand une résistance leur déplaît. 1200 poètes et amateurs de poésie s’opposent à la nomination de Sylvain Tesson comme président, ils sortent la sulfateuse (voir en com) avec des termes impropres "pétition woke", dénigrants "1200 médiocres", factuellement faux "annulé" (personne ne censure l’oeuvre, juste le tapis rouge) voire ouvertement référençant à la langue nazie "les cafards se rebiffent".

Merci à la presse indépendante de participer à l’information critique, merci au Monde de ne pas tomber dans le piège de la Lobollotomisation des esprits, espérons que les médias publics se révoltent enfin pour contrer la vague car l’urgence croit vitesse grand V.
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 La fiction apocalyptique 100% inspirée de faits scientifiques réels. 21.01.24
Une canicule tuant 20 millions de personnes en Inde à cause d’une chaleur humide (wet bulb) insupportable pour le corps humain entraîne le monde entier dans une nouvelle guerre, plus que chaude pour le coup.
Dans le monde entier, les tenants du "quoi qu’il en coûte pour arrêter le dérèglement climatique" mènent des actions violentes pour terroriser les pollueurs, recourent à la géo ingénierie, tout ce qui peut entraver le réchauffement doit être entrepris. Le système politique historique sort les rames comme il peut et se dote d’un "ministère du futur" chargé d’oeuvrer sur ces questions, mais ils sont trop timorés par rapport aux attentes des survivants de la grande canicule.
Ce grand roman de Kim Stanley Robinson n’est pas un modèle de style (litote), mais assurément un bijou noir de cli-fi (climate fiction) remarquablement documenté sur les réactions en chaîne qui pourraient se produire à l’avenir avec la dégradation du climat. Tout ce qu’il écrit est inventé, certes, mais complètement plausible, intégralement issu de travaux scientifiques qui nous alertent sur les conséquences de notre pente suicidaire que nous ignorons superbement.
Je ne divulgâche pas le sort des commandos climatiques, ni les réactions des ultras riches face à leurs menaces, mais je vous invite réellement à lire cette épopée d’un catastrophisme très très très réaliste, hélas.
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 Masterclass de déconstruction de la rhétorique des empoisonneurs ! 16.01.24
Mille mercis aux chercheur.es Marc Billaud, Julie Noirot et Pierre Subojert pour ce bijou d’humour vous donnant toutes les clés pour répondre pied à pied aux pollueurs. L’intro donne le ton : "gagner sa vie en vendant du poison n’est pas chose facile. Cela peut même devenir périlleux quand des activistes, associations, et même juges de tout poil se mêlent de vos petites affaires lucratives, car il reste dans la loi quelques qualifications fâcheuses qui peuvent parfois compliquer votre tâche". Et ensuite, tous les arguments fallacieux y passent.
Mettre en avant une prétendue complexité ("le glyphosate, on ne peut pas arrêter comme ça", vraiment ? Le bio pense le contraire), semer le doute ("le caractère cancérigène n’est pas complètement certain" le tabac nous a fait le coup sur des décennies, merci) plaidez la responsabilité individuelle (on est tous dans le même bateau, l’infirmière qui prend sa voiture pour faire des visites comme Patrick Pouyanné. C’est kiff kiff) et évidemment défiez le "tribunal médiatique" car, c’est bien connu, les médias sont des repères d’éco terroristes khmers verts qui veulent nous empêcher de vivre...
Ma préférée, évidemment, concerne l’hypocrisie sans nom de la pseudo philanthropie des pollueurs, je la copie in extenso : "Recourez au mécénat.
N’hésitez pas à financer des recherches sur vos propres poisons. Créez des associations spécialisées et des comités ad hoc où vous recruterez pêle-mêle, industriels, représentants de l’Etat et scientifiques qui établiront des priorités sur les sujets à étudier, multiplieront réunions et colloques, orienteront des programmes de recherche. Plutôt que de fastidieuses études toxicologiques, proposez de creuser la piste de la susceptibilité génétique des individus exposés. Publiez dans des revues à comité de lecture, faites signer par des auteurs renommés des articles scientifiques que vous aurez écrits et éditez des fascicules élégants sur votre utilité sociale. Sensibilisez les enfants, soutenez les collectivités locales, en restant discrets pour plus d’efficacité encore. Ne soyez jamais sur la défensive, mais ouverts, sincères et prêts au dialogue. Soyez le chantre roublard de la transparence. Jusqu’à ce qu’il soit nécessaire d’utiliser la septième arme".
Diffusez en masse cette arme de subversion massive !
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 Le marchand de sommeil siégeait au Palais Bourbon. 15.01.24
Cette enquête de Médiapart a de quoi faire pleurer. "Monsieur Raymond", septuagénaire qui travaillait encore, payé au black, débancarisé, avait besoin de fraîche pour payer son loyer.
Quelques centaines d’euros pour louer un box, sans fenêtre. A sa mort, on trouve le trousseau de clés sur lui et en visitant les lieux on est ébahi par la saleté (il ya même des excréments dans un coin) et la vétusté du lieu. Impensable de croire que l’homme y a passé le confinement et pourtant c’est le cas. Encore plus impensable est le nom du propriétaire du box, Michel Herbillon, 72 ans, 6 mandats consécutifs de député (LR) du Val de Marne.
Les cons n’ont pas le monopole de la reconnaissance : les ordures aussi osent tout. Herbillon a déposé plusieurs projets de loi à l’Assemblée pour fracasser les marchands de sommeil. Pris la main dans le pot de confiture (la propriété de son box ne fait pas de doute, comme les milliers d’euros en cash reçus pour loyers) il se mure dans un silence qui nous assourdit par la chape de dégoût qu’elle fait couler.
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 Court, serré, impeccable ! 14.01.24
Ne cherchez pas les phrases en trop, les digressions inutiles, les anecdotes superfétatoire. Claire Secail avance minutieusement sa démonstration du danger Hanouna. En dix ans, son émission a explosé en influence. Naguère chouchou des français, Hanouna a beaucoup perdu en popularité, mais énormément gagné en pouvoir et fait gagné des batailles culturelles à l’extrême-droite politique et au populisme.
L’autrice montre la démagogie à l’oeuvre d’un multi millionnaire avançant en service commandé pour un milliardaire et prétendant agir au nom du peuple déshérité en critiquant les élites. Cette supercherie énorme, cette mystification, n’est pas sans rappeler Trump. Et ça marche. On lit aussi comment la macronie, Schiappa en tête, mais aussi quelques pitres comme Karl Olive, ont tenté de récupérer la popularité d’Hanouna à leur profit et se sont fait avaler par le Moloch télévisuel. Très éclairant sur la polarisation, la violence et le pourrissement du débat public actuel.
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 Changer de regard sur la jeunesse. 11.01.24
A moins de vivre dans une grotte, vous avez entendu hier que ce qu’il y avait de vraiment nouveau, c’est l’état civil du nouveau Premier Ministre. Il a 34 ans. Bon. C’est très jeune, plus jeune que Fabius en son temps même. Mais il faut arrêter avec cet âgisme inversé, ce jeunisme paradoxal : nous parons la jeunesse de toutes les vertus individuelles quand nous la maltraitons de façon collective, comme le montre chiffres à l’appui "sois jeune et tais-toi" de Salomé Saqué. Plus que jamais en difficulté pour s’insérer professionnellement, pour se loger, précarisée et prenant de plein fouet le dérèglement climatique, la jeunesse est méprisée en tant que masse.

Au Moyen-Âge, pour éviter les révoltes, les curés racontaient des exempla lors des messes : les vies de personnes méritantes, travailleuses, qui s’élevaient de la pauvreté par la volonté. C’est l’ancêtre du "quand on veut on peut" et ce qu’on veut nous dire avec les symboles de jeunesse comme Attal. Mais Aragon disait "je n’ai jamais eu l’âge de mon état civil" et cette maxime s’applique à merveille au binôme de notre exécutif : nous avons élu un président à 39 ans seulement, mais plus vieux que Mitterrand et Chirac réunis avec des idées cacochymes : encourager les chasseurs, restaurer l’uniforme et l’autorité du patriarche et dédouaner ce dernier quand il a les mains baladeuses ("ça va c’est Gérard, il rend fière la France").

Attal a les mêmes idées : son bilan pour la jeunesse c’est la généralisation du SNU et l’interdiction de Abbaya. On peut ajouter à cela combattre la "culture de la grève chez les fonctionnaires", défendre de la retraite à 64 ans. Pire, sur la mer des batailles, le climat, Attal a des idées séniles comme "ne pas doubler la taxation sur le kérosène des jets privés mais leur imposer de voler au biocarburant". Utiliser nos terres agricoles pour aider des jets privés à voler, ce monsieur à tout compris....

"La jeunesse n’est qu’un mot" disait Bourdieu et notre exécutif aux allures juvéniles n’a qu’un mot pour les millions de jeunes de ce pays et leur avenir : celui de Cambronne.
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 Chef-d’oeuvre en retard : le plus grand roman sur la perte de sens agricole. 8.01.24

Quand, au collège, on m’a fait étudier "des souris et des hommes" je n’ai pas enchaîné sur l’autre grand roman de Steinbeck. Je ne lisais rien à l’époque et je suis très heureux de ne l’avoir lu qu’aujourd’hui, pour deux raisons. D’abord, ’ai le recul pour comprendre ce que fut la crise de 1929, mais aussi aujourd’hui que je lis beaucoup et interroge beaucoup d’acteurices et de chercheur.es sur l’évolution de notre monde agricole, car "les raisins de la colère" est le grand roman montrant la fuite en avant d’un modèle agricole soutenable (même si encore très dur et pas foncièrement juste) , vers une captation des terres par quelques riches propriétaires qui mécanisent les exploitations et, passée la seconde guerre, gaveront les sols de pesticides pour s’enrichir.

Le livre raconte l’exode des paysans de l’Oklahoma, ravagés par la pauvreté à cause de la crise de 29 d’une part, mais surtout du Dust Bowl, cette série de tempête de poussière à l’origine d’une catastrophe écologique sans précédent qui ruina les récoltes des états du centre pendant des années et provoqua des départs massifs vers la Californie et sa promesse de salaires décents dans l’agriculture fruitière (spoiler alert : ça n’a pas marché...).

Ce livre a été écrit en 1939, mais ces lignes sont d’une actualité désespérante : "Et il advint que les propriétaires cessèrent complètement de travailler à leurs fermes. Ils cultivaient sur le papier, ils avaient oublié la terre, son odeur, sa substance et se rappelaient seulement qu’elle leur appartenait, se rappelaient uniquement ce qu’elle rapportait et ce qu’elle leur coûtait. Et certaines fermes prirent des dimensions telles qu’un homme ne pouvait plus suffire à les diriger, qu’il fallait toute une armée de comptables pour calculer les profits, les pertes et les intérêts, des chimistes pour analyser le sol, le fertiliser, et des surveillants pour tirer le maximum de rendements des corps courbés entre les rangées de plantes jusqu’à la limite de leur résistance". Et rien n’a changé fors une fuite en
avant...

Nous sommes au bout d’un mouvement de balancier : soit on diminue, on démécanise les exploitations pour arrêter d’intoxiquer les sols (rappel : 40% des aspirant.es à la reprise de ferme veulent s’installer en bio, c’est donc humainement possible), soit on continue et on bascule dans le vide.
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 3 janvier, jour du dépassement salarial ! 7.01.24
Le jour du dépassement a de grandes vertus pédagogiques pour aider à la prise de conscience sur notre surconsommation de ressources et l’insoutenabilité écologique de notre développement. Mais il se heurte à beaucoup de limites méthodologiques et des débats de grincheux pour savoir si nous consommons réellement 2 planètes par an...

Le jour du dépassement salarial, en revanche, ne pose aucun problème économétrique : on prend la moyenne de la rémunération des 100 premiers patrons du Royaume Uni et on met en face le salaire médian avec lequel vivent les habitants dudit Royaume et on regarde au bout de combien de temps le premier a rattrapé le second... Et bien ça n’est évidemment pas le 30 décembre d’une courte tête, ni même le 30 juin avec un écart de salaire de 1 à 2, ni même le 31 janvier avec un écart de 1 à 12 (la limite de ce que notre décence pourrait entendre) ; non c’était le 3 janvier ! En deux jours et demi, les nababs gagnent ce que les habitant.es du Royaume Uni qui ont un emploi gagnent en moyenne...

Là on prend le Royaume-Uni, mais avec un salaire moyen des patrons du CAC 40 à 6,7 millions par an et un salaire médian de 23 160 euros (INSEE 2023), la France est prise dans la même spirale insane, indécente, répugnante... Comment voulez-vous que les termes du débat public aient encore un sens : "valeur travail" "mérite" "allongement de la durée de travail" quand certains gagnent en 3 mois l’équivalent d’une vie de travail moyenne... Et les enfants desdists oligarques n’auront jamais à travailler pour vivre, ils pourront bien s’inventer des fables sur le fait qu’ils ont travaillé dur pour monter une start-up, le prêt de 10 millions d’euros en love money, ça aide... Notre répartition des richesses va chaque jour un peu plus vers la favorisation de la naissance et de la rente au détriment du mérite et du travail. Exactement comme l’Ancien Régime, qui appelle lui aussi un dépassement.
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 Quand Darmanin tranche le bras fiscal d’État pour protéger l’argent du Qatar. 5.01.24

Darmanin est surtout connu pour son action de ministre de l’intérieur profondément raciste (il trouve Marine le Pen "trop molle") avec une loi inspirée par le pire de l’extrême-droite. Il y a aussi le non lieu hallucinant dont il a bénéficié pour une plainte pour "faveur sexuelle" à savoir qu’il a couché avec une femme en lui promettant un HLM qu’il ne lui a jamais donné. Il reconnaît d’ailleurs avoir couché avec elle, ne l’avoir jamais revu, mais ne voit pas le problème et d’ailleurs il en a parlé avec Macron "homme à homme".

Mais Darmanin ça n’est pas que la masculinité toxique et raciste, c’est aussi un profond adversaire de la lutte fiscale : en 3 ans à la tête du ministère du budget il a eu le temps d’effectuer le plus gros plan social de Bercy, licenciant plusieurs milliers d’agents chargés de lutter contre la fraude fiscale. Il a comme d’habitude fait de l’esbrouffe, des partenariats avec des GAFAM (eux mêmes gigantesques fraudeurs) pour traquer via l’IA les allocataires du RSA qui rouleraient en décapotable et l’exhiberaient sur les réseaux... Une stratégie étonnamment peu payante pour l’état. Et à côté de son acharnement pathologique, voire paranoïaque sur la fraude sociale et les petits délinquants, il y a eu beaucoup de douceur avec les gros délinquants.

Cet article de Médiapart est édifiant sur le sujet : ils révèlent comment les ultra riches Qataris ont été aidé par Darmanin en personne et son dircab, contre l’administration de Bercy, pour éviter que le PSG ne paye plusieurs dizaines de millions d’euros d’impôts sur le transfert de Neymar (par ailleurs fan de Bolsonaro, homophobe notoire, misogyne et écocidaire condamné l’an dernier à 3 millions d’euros d’amende pour avoir installé sans permis un lac artificiel dans son manoir au Brésil....).

"Je viens de parler à Darmanin. Il a bien le truc en tête et me dit qu’il y travaille". Ainsi parle Hugues Renson (député LREM) au directeur de la communication du PSG et leurs échanges seront très nombreux pour ramener les 88 millions d’euros de taxes et cotisations que le PSG devait payer sur un transfert à plus de 220 millions à quelques millions seulement. C’est Darmanin et son dircab eux mêmes qui ont tuyautés le PSG sur la manière de contourner les règles fiscales. Le ministre s’en est même justifié au micro d’Inter en disant que Neymar rapportera beaucoup via ses cotisations en tant que joueur. Toujours la même fable du ruissellement...

Ça n’est même plus le pompier pyromane, à ce niveau, c’est le pyromane qui incendie l’hôpital avant d’aller se taper la cloche avec les Qataris (qui se foutent de l’hôpital public, ils ont des cliniques privées).
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 Comment le logement est devenu le facteur numéro un de l’explosion des inégalités en France. 4.01.24
Pour commencer l’année avec optimisme et détermination !
Ce livre ravira les amateur.ices de déconstruction comme celles et ceux veulent voir les solutions pragmatiques. Car cela ne peut pas continuer ainsi... Chiffres à l’appui, Isabelle Rey Lefebvre montre comment le logement est devenu le facteur numéro un de l’explosion des inégalités en France.
Quand l’imbécile regarde le PIB ou l’augmentation de certains patrimoines grâce au bien immobilier, le sage regarde la part de leurs revenus que les ménages consacrent à se loger. La richesse prise par votre logement si vous êtes propriétaire, vous vous en fichez, vous vivez dedans, si vous voulez le revendre pour plus grand, vous devrez débourser plus et êtes toujours perdant.e. Seuls gagnent les multi propriétaires (en Ile de France, 3,5% des ménages possèdent 50% des biens sur le marché locatif ! Ratio de 1 à 17...), les héritiers et les rentiers (souvent les mêmes) et les marchands de sommeil, tu parles d’un projet de justice sociale...
Chez les plus précaires, la part des dépenses du logement peut atteindre 40 à 50%, tout faire pour ne pas être à la rue, quand pour les plus fortunées, les charges d’un appartement sans emprunt excèdent tout juste 5%. La différence, le monde d’écart, c’est du pouvoir de vivre pour pouvoir mener une vie digne et saine : s’acheter de la nourriture bio, se chauffer convenablement, des loisirs pour les enfants, le droit aux vacances, autant de choses fondamentales dont un nombre croissant de français.es se privent à cause de cette satanée spéculation immobilière...
Cela n’est pas une fatalité, à côté des des deux modèles de la propriété pleine et de la location, des tas d’alternatives fonctionnent : du logement social à la coopérative solidaire, d’initiatives créées par Bernie Sanders à des béguignages collectifs, il existe des tas d’alternatives qui permettent de ne pas faire flamber le prix des logements. L’autrice de nous embarquer dans un tour du monde des initiatives efficaces et c’est rassérénant : le plus emballant est sans doute la capitale autrichienne, où 75% des logements sont sociaux avec des loyers dérisoires. Pour les quelques gogos qui veulent être propriétaires, il leur en coûte une somme si rédhibitoire qu’ils sont voués à rester ultra minoritaire et à ne pas faire flamber le marché.
Merci Rue de l’échiquier pour cette nouvelle enquête de salubrité publique !
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 Dumping social OKLM.... 2.01.24
Ha, le numérique et son "économie de la visibilité" qui fait tâche d’huile dans la société... Combien de photographes, animateur.ices, graphistes et autres à qui des margoulins disent "je ne te paye pas mais je dirais du bien de toi, donc tu t’y retrouveras" et cette économie du "2 tu l’auras plutôt que 1 tiens" se répand au mépris le plus élémentaire du droit du travail. Voilà que Yann le Cun, directeur de la recherche chez Meta (Facebook, Instagram Whatsapp) s’attaque en toute décontraction au droit d’auteur...
On comprend évidemment l’intention derrière : pour nourrir les robots langagier de Meta et les faire progresser, il faut des gros textes, si possibles originaux et non standardisés, quoi de mieux que des livres ? Le raisonnement est grossier, méprisant pour les auteur.ices, mais plus globalement pour toute la chaîne du livre (éditeurs, libraires, diffuseurs....) dont il se contrefout et le fait même qu’il puisse poster cela sans voir l’indécence de sa proposition en dit long sur sa déconnexion.
On a envie de lui rétorquer "Monsieur le Cun, l’écrasante majorité des publicités ciblées qu’on trouve sur vos réseaux Meta ne produisent pas de l’intelligence, de l’utilité sociale ou du changement, elles devraient donc être écartées". J’imagine qu’il parlerait de communisme, de goulag, de terreur et ne verrait absolument pas le rapport avec sa proposition. C’est véritablement cela l’impunité : infliger aux autres sans voir le mal ce que vous ne supporteriez pas une demie seconde qu’on vous fasse.

 Pour 2024, je vous souhaite de penser à celles et ceux qui subissent et à repolitiser vos causes. 1.01.24
J’ai passé l’âge de croire aux miracles et je crains que ce réseau ne soit, comme en 2023, l’un des principaux canaux de propagande d’un mythe inepte : quand on veut, on peut. Je vous souhaite sincèrement de penser à celles et ceux qui ne peuvent pas. Jean-Marc Jancovici a fait un formidable travail de pédagogie à propos de la sobriété : quand les riches font des efforts et consomment moins, c’est de la sobriété choisie, quand vous ne pouvez payer le chauffage, c’est de la pauvreté et donc de la sobriété subie.
Vous pouvez décliner cela sur 1000 thèmes du quotidien : tant mieux pour vous si, comme moi, votre mobilité est très majoritairement décarbonée et que vous mangez bio, mais rappelez-vous que tout le monde ne bénéficie pas d’une grosse offre de transports en communs, de pistes cyclables (à condition de vivre à moins de 10-15 km de son travail, au delà, ça devient coton) et que tout le monde n’a pas les moyens de manger bio.
Ce faisant, vous en viendrez à trouver inepte la niche fiscale sur le kérosène ou les aides excessives pour des véhicules électriques privés quand il faut mettre le paquet sur le collectif. Pour la nourriture, vous conviendrez que manger bio coûte plus cher à la caisse privée, mais pas public : 1,6 milliards de fonds publics rien que pour dépolluer les cours d’eau à cause des engrais de l’agriculture non bio, si l’état subventionnait massivement le bio, les prix baisseraient un peu et il s’y retrouverait beaucoup en ne réparant pas les dégâts parfois irréversibles causés dans les sols, sur le vivant et autres...
On peut décliner tout cela sur l’éducation, la santé, les rémunérations professionnelles et se dire qu’il y a beaucoup à changer, et que ces changements n’adviendront pas par la force de la volonté individuelle mais bien par des lois qui régissent, encadrent, protègent celles et ceux qui subissent. Comme en début d’année on pense à des choses joyeuses, pensons au congé paternité, je suis heureux de m’être arrêté 3 et 6 mois, comme ma femme, pour élever nos filles, mais c’était d’autant plus facile que je pouvais me le permettre financièrement et qu’étant mon employeur, je m’étais octroyé cette liberté. La volonté, le virtue signaling ne suffiront pas à faire advenir l’égalité. Une loi imposant aux hommes le même temps d’arrêt pour élever leurs enfants et ainsi établir une égalité dans le partage des tâches et dans l’avancement en carrière, ça ça serait beau et pas forcément inatteignable, d’ailleurs.
Songeons donc à nos causes et repolitisons-les : Chico Mendes disait que "’l’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage" et on peut lire en manif que "le féminisme sans lutte des classes, c’est du développement personnel". Saurez-vous trouver le point commun à ces deux adages ? Je vous souhaite de très belles luttes à venir.

 Quand la charité se fout de l’hôpital... Pompidou. 29.12.23
Ceci n’est pas un conte de Noël : l’AP-HP a lancé un appel aux dons pour équiper un de ses joyaux, l’hôpital Pompidou. C’est pas comme si nous sortions de 3 ans de crise sanitaire lors de laquelle nos gouvernants ont juré main sur le coeur le "quoi qu’il en coûte" pour notre système de santé. Ce dernier, jugé le meilleur du monde en 2000, avait été trop saigné, essoré, par une logique comptable, T2A et new public management réunis, qui ont abouti à la fermeture de dizaines de milliers de lits, une paupérisation des soignant.es et un burn out généralisé pour les moyens humains comme des bâtiments....
Et donc, recroquevillé sur lui même, l’hôpital public en désespoir de cause tend sa sébile aux dons privés. En 2020, en plein Covid, BNP et LVMH annonçaient des dons d’argent et des flacons Dior recyclés en gel hydroalcoolique et les couturières allaient faire des masques LVMH. Les deux plus gros fraudeurs fiscaux de France (avec Total), qui volent des milliards chaque année, envoyaient 3 piécettes et voulaient qu’on les félicitent. C’en était trop pour les personnels de l’hôpital Saint Antoine qui écrivaient sur le mur du bâtiment : "LVMH, BNP, l’hôpital se fout de la charité, payez vos impôts !"

J’étais en confinement, je voyais cette indécence, j’en ai tiré un livre. Plus je cherchais sur l’arnaque de ceux qui prétendent être philanthropes quand ils sont oligarques, plus j’en découvrais. Il y a une corrélation parfaite entre l’explosion des grandes fortunes et la paupérisation des services publics : les 500 fortunes françaises pèsent 45% du PIB du pays, 10% en 2009. Moins encore avant. Une explosion fondée sur la fraude et l’optimisation : Zucman rappelle que nos milliardaires français payent en réalité 2% d’impôts. 2% ! C’est ça qui n’est plus tenable. Les milliards manquant à nos hôpitaux, mais aussi nos écoles, nos tribunaux, sont là.
Quand on nous dit qu’en France on paye "trop d’impôts", c’est faux. On en paye beaucoup et tant mieux, la redistribution fonctionne parfaitement pour 98% de la population, c’est tout en haut que ça déconne à plein tubes. Les milliardaires le savent, d’où les oboles très intéressées pour dire "regardez, j’ai réussi et je redonne". Mais c’est faux.
Dernier exemple en date, Pierre-Edouard Sterin (Smart Box), exilé fiscal en Belgique, qui doit tout à la France mais ne lui rend rien, crée une "Nuit du bien commun" pour donner à des assos et dire qu’il aide les nécessiteux. En allant voir sur le site, on les les ONG soutenus et on voit son comité de soutien de 32 personnes, dont 30 hommes, et dont le mécène de Zemmour (Stanislas de Benzmann) : renseignements pris, Sterin aussi mécène Zemmour et Maréchal le Pen. Vous avez dit Philanthrope ?
Pompidou disait "arrêtez d’emmerder les français", son hôpital dit aux milliardaires "arrêtez de les voler et payez vos impôts pour que je sois dignement équipé, merci".

 Depardieu : comment un exilé fiscal peut-il rendre la France fière ? 27.12.23
Sidéré, je lis nombre de réactions suite à l’inepte tribune de soutien de 50 personnalités artistiques à Depardieu qui n’ont rien compris : personne n’appelle à effacer qui que ce soit, Depardieu est un acteur géant, "le dernier métro" ou "Cyrano" et "les valseuses" des chefs-d’oeuvre qui ne disparaîtront pas et qu’on pourra toujours voir s’il va en prison. Mais de même qu’Emile Louis était sans doute un excellent conducteur de bus, ses états de service ne l’ont pas empêché de répondre de ses crimes, être comédien ne vous certainement pas au dessus des lois. (Pas en dessous, je vois venir les trolls, il aura droit à un procès, m’enfin y a instruction et assez accablante, pour viol, sans parler de tout le reste...).
Mais ce qui m’étonne le plus, c’est le silence absolu sur l’exil fiscal de Depardieu depuis 2012, car " il ne veut pas payer 87% d’impôts" à "des cons qui pensent qu’ils font le bien". Depardieu doit tout à la France, à l’école, aux éducateurs qui n’ont pas mis le jeune loubard en taule, aux aides du CNC pour faire des films invendables comme "les valseuses". Il doit tout et comme il a bossé avec talent il pourrait rendre mais il lui crache à la gueule. Il va prendre de l’argent chez des dictateurs cubains (il est anticommuniste à géométrie variable) russe, nord coréen, ouzbek.... Et il ne rend plus un fifrelin à la France. Des millions que Gérard dépense en restos et en collection d’art perso, millions qui devraient aller dans nos hôpitaux et nos écoles. Mais Macron le félicite quand même...
Cette anecdote en dit long sur l’impunité absolue dont bénéficient les fraudeurs fiscaux : quand on félicite des oligarques fraudeurs comme Bernard Arnault ou François Henri Pinault, y a tout le catéchisme classique de "chantage à l’emploi" "rayonnement et investissements étrangers" ou encore dons de leur fondation. Mais pour Depardieu ? Même le fait d’être le dernier des porcs avec un dossier proche de PPDA ne pousse pas le Président à lâcher un fraudeur fiscal. Si c’est pas de l’encouragement à gruger...

Par Rédaction Yonne Lautre

Publié le samedi 31 août 2024

Mis à jour le samedi 31 août 2024