– Auxerre et les polluants éternels 19.09.24
J’ai été contacté hier soir (18/09/2024) par Delphine MARTIN, Journaliste à FRANCE BLEU Auxerre, pour une interview en direct ce matin à 8H14 pour commenter une Annonce faite par cette antenne Radio d’analyses réalisées dans 44 sites français, dont celui d’Auxerre, par la Cellule d’Investigation de RADIO FRANCE à la recherche de PFAS, ces "polluants éternels".
Selon cette étude, notre ville fait partie de celles les plus polluées par les PFAS. 2 principaux retrouvés sont cancérogènes.
Il s’agissait donc de préciser aux auditeurs ce que sont ces molécules, leur provenance industrielle, leur diffusion générale réalisant une importante pollution des sols, des eaux (superficielles et souterraines), et de, l’air, ainsi que leur impact sanitaire pour les populations : cancérogénicité, perturbateurs endocriniens, baisse de l’immunité, obésité...
Les solutions d’Unités d’ultrafiltration par Osmose inverse à basse pression choisies par la Communauté d’Agglomération de l’Auxerrois en DSP avec SUEZ amèneront une amélioration de la qualité de l’eau distribuée (EDCH)... mais au prix fort pour les usagers.
Cela ne devra pas dispenser d’agir en amont pour réduire les causes agricoles et industrielles de la pollution cumulée Nitrates-Pesticides-PSAS.
Ci-joint le communiqué transmis par FRANCE BLEU sur cette présence de PFAS retrouvé dans l’Auxerrois.
L’enregistrement de l’émission "L’invité d’ici" dans les Matinales de FRANCE BLEU AUXERRE du 19/04/2024 à partir de 8H sera disponible en Replay sur le site de www.francebleu.fr
Bien amicalement à tous,
Dominique COQUERET
– R417888 Chlorothalonil par le Dr Dominique Coqueret
Plusieurs métabolites du CHLOROTHALONIL, retrouvés dans les Eaux destinées à la consommation humaine (EDCH), posent problème d’un point de vue sanitaire, et représentent un défi pour le traitement de l’eau potable.
Le CHLOROTHALONIL est un Fongicide ayant été largement utilisé dans les cultures céréalières, mais qui a été interdit par l’Union européenne (EFSA) en 2019, classé comme cancérogène probable 1B. (1).
Parmi ses métabolites, le plus répandu et semble-t-il très persistant puisque retrouvé dans l’Etude de l’Anses menée entre 2020 et 2022, et parue le 6 Avril 2023, est le R471811 : présent dans 60 % des captages testés à des taux supérieurs à la limite de qualité (LQ) de 0,1 µg/L. (2)
Depuis sa « découverte », sa présence à très large échelle en France a été confirmé par des dosages de contrôles dans les captages. (cf chiffres dans l’Auxerrois).
Sa toxicité était au départ inconnu. Mais compte tenu de celle de la molécule-mère, la LQ était par défaut à 0,1 µg/L, et en absence de données toxicologiques pour lui accorder un Vmax, une Valeur Sanitaire Transitoire (VST) avait été définie à 3 µg/L. De ce fait, les dosages à 1,8 µg/L, 2,3 µg/l et même à 2,7 µg/L (soit 27 fois la LQ) restant inférieurs à la VST, l’eau était toujours considérée comme « potable » (3)
En Avril 2024, L’Anses, se basant sur des recherches récentes de génotoxicité potentielle, a déclaré le métabolite R471811 « non-pertinent », relevant sa limite de qualité (LQ) à 0,9 µg/L.
Mais il existe aussi le R417888-Chlorothalonil, un autre métabolite, dont les premières études ont révélé une toxicité nettement plus forte. Il est notamment susceptible d’induire des mutations génétiques sur des cellules de lymphomes de souris. Il est donc présumé génotoxique et classé « pertinent » avec une LQ de 0,1 µg/L. (4)
Quoi d’étonnant lorsqu’on s’aperçoit sur sa structure chimique qu’il a gardé un des 2 radicaux cyanure de la molécule-mère (contrairement au R471811 qui les avait perdus).
On se souvient que la toxicité du CHLOROTHALONIL n’était surement pas sans rapport avec la présence de ces 2 radicaux « cyanures », intentionnellement greffés par les chimistes des firmes de produits phytosanitaires lorsqu’ils veulent créer des pesticides « efficaces », c’est-à-dire doués d’effet « biocide » : cas habituels des cyanures introduits dans les molécules insecticides. (5)
Dans le cas présent, ils ont été introduits pour un fongicide, lui conférant de véritables propriétés biocides. Le métabolite R417888 en conserve apparemment la toxicité !
Sources :
(1) Benoît Teychene et Julie Mendret « La pollution au Chlorothalonil, un défi pour le traitement de l’eau potable » Theconversation.com, 13 Août 2024
(2) « Polluants émergents dans l’eau potable : le point sur les principaux résultats de la dernière campagne nationale » Anses, Expertise, publiée le 6/04/2023
(3) Dr Dominique COQUERET « QUALITE de l’EAU dans l’AUXERROIS et POLLUTION des Eaux destinées à la consommation humaine (EDCH) » Conférence Auxerre, 22 Mars 2024
(4) Avis de l’ANSES « relatif à l’examen du classement de la pertinence pour le métabolite R417888 du chlorothalonil et au réexamen du classement de la pertinence pour le métabolite R471811 du chlorothalonil dans les eaux destinées à la consommation humaine » Saisines n° « 2023-SA-0041-a et 2023-SA-0142-a », 29 Avril 2024
(5) Dr Dominique COQUERET « CHLOROTHALONIL, un fongicide très utilisé en agriculture retrouvé dans l’eau des captages », 5 Juin 2023
– Eléments préparatoires à la Conférence-Débat du Samedi 5 Novembre à Auxerre
sur le thème : RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE, QUEL IMPACT SUR LA SANTE ?
Intervenante : Isabelle DORESSE, ingénieure agronome, vice-présidente d’ATD Quart Monde, et Membre du CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental)
Avec la participation de Françoise LECLERC du SABLON (ATD Quart Monde Yonne)
L’étude du récent rapport du CESE auquel I. DORESSE a participé « Pour une politique publique nationale de santé-environnement au coeur des territoires » (Mai 2022) permet d’anticiper les thèmes qui seront abordés (1).
Le contexte est bien celui des dérèglements profonds météorologiques induits par le réchauffement climatique, lui même engendré par « l’effet de serre » lié à l’accumulation du CO2 dans l’atmosphère consécutive à l’emploi des énergies fossiles dans les siècles passés. Ces désordres liés au réchauffement impactent les écosystèmes. En résultent :
– une élévation des températures (actuellement réchauffement moyen > 1,1°), mais avec des « conditions météorologiques extrêmes, qui sont la traduction au quotidien du changement climatique, (qui) ont causé un préjudice économique de plusieurs centaines de milliards de dollars, se sont soldées par un bilan humain très lourd et eu un impact majeur sur la qualité de vie de très nombreuses personnes » (Climat.be)
Ce réchauffement est responsable de sécheresses dans diverses régions du monde, avec des baisses de rendements des cultures, des famines, et des pénuries d’eau pour les populations… (3)
– contrastant avec une augmentations des précipitations, moussons et cyclones, du fait d’une augmentation d’évaporation des masses d’eau dans les océans ; responsables d’inondations dramatiques (vallée de l’Indus…) et de dévastations urbaines (Golfe du Mexique...)
– les répercussions climatiques sur les écosystèmes
Déjà, dans ce rapport du CESE, quelques éléments instructifs :
– préconisation 11 :
Impact des politiques publiques sur la « santé animale, végétale et humaine », à tous les échelons territoriaux, et impact des « effets sur les 20 % les plus pauvres »
(reconnaissance sociale d’une paupérisation importante !)
– préconisation 12 :
« fiscalité environnementale » par une « taxation des activités ayant un impact négatif sur la santé et les écosystèmes, dont le produit serait affecté à la réduction de la pollution, au financement des pratiques vertueuses et à la compensation de ses effets inégalitaires en ciblant les personnes les plus vulnérables, notamment les personnes en situation de précarité »
(mais les pouvoirs politiques oseront-ils mettre en œuvre ce genre de taxation ? )
– augmentation des zoonoses de 62 % à 75 %
et une « augmentation des épidémies dont l’émergence ou la ré-émergence est liée à la pression sur l’environnement » (Rapport IPBES Biodiversité et Pandémies, Automne 2020)
– « La santé de l’homme est en interdépendance avec l’état des écosystèmes »
et « Les fonctions humaines physiologiques mais aussi le bien-être dépendent directement de la qualité des écosystèmes... »
Ces derniers sont des « biens communs »...
I / EXEMPLES de NUISANCES environnementales et sanitaires liées au seul RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE :
– les conséquences directes des canicules :
se font surtout chez les personnes âgées : déshydratation, fatigue, perte d’appétit, oppression respiratoire, et possibles décès par hyperthermie ou décompensation cardiaque
(lors de la canicule de 2003, 35.000 personnes âgées sont décédées en Europe) (2).
– conséquences indirectes des épisodes caniculaires et du réchauffement :
. sécheresse : souffrance des cultures (baisse de rendements) et famines +++ dans certaines contrées, avec malnutrition, obligation d’importer des denrées alimentaires de base (blé, riz, maïs…) de plus en plus chères (3) ;
phénomène de sahélisation, principalement en Afrique sub-saharienne (2)
=> avec cette conséquence dont on prévoit une accélération de grande ampleur dans les années à venir d’exode de populations (Soudan, Ethiopie, Maghreb, Mali, Niger…)
Le problème des « Réfugiés climatiques » est un des problèmes les plus urgents à anticiper et pour lequel des solutions doivent être trouvées, fait de quoi surviendront les prochaines guerres : des guerres civiles dans les pays concernés, et même des guerres de territoire entre états.
(Note : ces migrations de populations d’origine climatique viennent aggraver celles engendrées par d’autres causes : au Sud-Soudan du fait de la guerre (6) ; ou comme l’exode des gens du Guatémala et du Honduras depuis 2019 suite au manque cruel de travail, à une économie désastreuse, et aux violences du régime (7)
Au niveau environnemental :
+ mort par dessèchement de certains arbres (chênes, conifères)
+ incendies (forêts dévastées, libérant du CO2…) avec des populations déplacées
. fontes des calottes glaciaires : élévation du niveau des mers : régions et villes côtières menacées (comme Dacca au Bangladesh, Venise, New-York… dans quelques années, des populations devront fuir
. fonte de la banquise qui fait que les chasseurs du NUNAVUT prennent des risques pour aller chasser quand l’épaisseur de la glace s’amenuise (2).
. Fontes des glaciers : et ses conséquences :
=> une réduction dramatique des ressources en eau, avec une prévision de pénurie d’eau à court ou moyen terme (comme déjà en Jordanie...), le tarissement des puits et des nappes phréatiques (déjà arrivé en Espagne)…annonçant le risque d’une prochaine « guerre de l’eau », la privatisation de cette ressource rare...)
– les perturbations météorologiques (modification des courants marins et aériens) ainsi que le réchauffement des océans entrainent une augmentation de l’évaporation, d’où une augmentation de la masse nuageuse des moussons, et des ouragans de plus en plus violents :
. inondations répétées de la vallée de l’Indus (Ladakh et Penjab en 2010, Pakistan 2022), nombreux morts, cultures détruites...
. ouragans dévastateurs au Japon, aux Philippines, dans les Caraïbes et le Golfe du Mexique, Ouragan Katrina à La Nouvelle-Orleans en 2005, Tegucigalpa au Honduras en 2014, Nicaragua en 2020
... avec leurs conséquences alimentaires, sanitaires et sociales :
décès par noyades,
perte d’emploi,
paupérisme,
destruction des cultures et manque de denrées alimentaires indispensables
et quant à la santé :
des épidémies de dysenteries (comme il en survient couramment en Afrique, en Asie, en Haïti…) et de CHOLERA : celui-ci, réapparu en 1991 au Chili, et sévissant de façon périodique au Bangladesh, a été corrélé aux variations du courant El Nino (3)
avec toutes les conséquences psychiques qui en découlent chez ceux qui ont perdu des proches, leur maison, leur travail… anxio-dépressions et suicides
EXEMPLES de CONSEQUENCES liées à la PERTURBATION DES ECOSYSTEMES :
– les perturbations des écosystèmes résultent de l’intrication des changements climatiques, des méthodes d’agricultures intensives (monocultures avec disparition des bocages et des haies, et déforestation…), de l’usage des pesticides toxiques à très grande échelle, et des activités industrielles polluantes…
les effets conjugués entrainent :
– un effondrement des espèces : menacées, voire en voie d’extinction (poissons, mammifères marins, insectes (papillons, mais surtout les abeilles et pollinisateurs+++), oiseaux, rongeurs, mammifères dû à la réduction de leurs territoires (singes), à la chasse (tigres, rhinocéros), à la surpêche (baleines, requins, thons...), ou aux effets toxiques des pesticides sur leur reproduction.
d’où une baisse des ressources alimentaires pour l’homme (poissons)
et du fait de la bio-accumulation de certains pesticides dans la chaîne alimentaire, une intoxication animale et humaines
– la perturbation des populations d’insectes favorise l’émergence d’insectes dominants :
. « ravageurs » des cultures (comme les criquets dans la corne de l’Afrique et au Yemen), les altises du colza, les chenilles phytophages, les buprestes des pins, les scolytes des épicéa…
– Avec le développement en augmentations des zoonoses (épidémies animales), suivent une augmentation des maladies transmissibles à l’homme, et l’émergence de micro-organismes :
Dans le passé, l’humanité a connu des vagues épidémiques dont l’origine vectorielle (puces et poux) était plutôt favorisée par le déplacement des armées, par le commerce (bateaux), ou la promiscuité :
Peste transmise par les puces : vagues successives meurtrières dans l’histoire (peste noire et peste bubonique)
« Vérole » (Syphilis) qui s’est répandue dans les armées en campagne, et qui importée par les conquistadors ravagea les populations autochtones du Nouveau Monde !
Typhus transmis par les puces en période de guerre, ou d’exode de populations.
Actuellement d’autres épidémies vectorielles sont beaucoup plus en relation avec le réchauffement et les perturbations climatiques :
Paludisme en zones tropicales, transmis par le moustique anophèle femelle ; une augmentation de la population des moustiques, attendue en Afrique et en dehors de celle-ci dans des zones devenues plus chaudes comme en Turquie, en Azerbaïdjan et au Tadjikistan, risque de faire de ces pays des aires d’extension du paludisme (2)
Maladie de Lyme, transmise par les tiques, qui s’est répandue en Europe ; dont il existe des formes évolutives, avec atteintes neurologiques...
Ricketsioses, maladies infectieuses bactériennes transmises par des arthropodes (Fièvre boutonneuse méditerranéenne, Fièvre pourprée des Montagnes rocheuses…)
certaines étant virales comme :
les épidémies de GRIPPE amenées par les oiseaux ; la plus grave est la « grippe aviaire » dont le réservoir est les volailles.
Trois maladies infectieuses vectorielles virales transmises par le même moustique sont en expansion avec le réchauffement climatique (3) :
la DINGUE très répandue dans les pays Asiatiques et en Amérique latine ; il existe des formes sévères (fièvre élevée, asthénie notable…), avec de possibles complications hémorragiques (4)
le ZIKA qui d’Asie et d’Afrique s’est répandu en Polynésie et en Amérique du Sud, et se manifeste par de la fièvre, des céphalées, courbatures, fatigue… symptômes ressemblant à la Dingue ; mais chez le fœtus dont la mère a été infectée par le ZIKA pendant la grossesse, de nombreux cas de microcéphalie ont été observés En Guyane et au Brésil, ainsi que des paralysies ascendantes de type syndrome de Guillain-Barré (5)
et le CHIKUNGUNYA, une arbovirose transmise par les moustiques, qui, avec le réchauffement climatique, « remonte » maintenant dans le sud de la France ; le tableau clinique se manifeste par des arthralgies fébriles …
le virus EBOLA, en foyers endémiques en Afrique, souvent mortel !
Le virus WEST NILE responsable d’encéphalites, en recrudescence
le SIDA à l’origine transmis par le singe à l’homme en Afrique, est aussi dépendant d’un facteur comportemental social (transmission sexuelle) ; le virus cible les lymphocytes et crée une immunodéficience
le COVID-19 possiblement issu d’un réservoir de chauves-souris (?) serait consécutif à la « pression » exercé sur les écosystèmes, ou à des changement de virulence du virus, en rapport avec la modification des distances ou des rapports entre les réservoirs animaux et l’homme. Très contagieux, ce virus s’est répandu comme trainée de poudre sur la planète en 2020-2021, en une sévère « pandémie » qui a décimé les personnes âgées en EHPAD et des populations entières de tous âges dans les pays en développements, ou soumis à la malnutrition. Maladie inconnue, Il a fallu en découvrir la pathologie respiratoire, la myocardite, les complications inflammatoires artérielles thrombotiques, les formes « longues » asthéniantes ou musculaires…
Dans toutes ces pathologies transmises à l’homme, souvent sur des modes épidémiques, des facteurs environnementaux ont été suspectés ou clairement mis en évidence.
Depuis peu, l’on découvre qu’avec le réchauffement climatique, des virus émergents se réveillent avec la fonte du permafrost sibérien, restés quiescents depuis les époques préhistoriques, et qui, en absence d’immunité de la part des populations, pourraient bien déclencher les futures épidémies !
II/ DETERIORATION des ECOSYTEMES par DIVERSES POLLUTIONS :
Celles-ci, comme sources importantes de nuisances, viennent se cumuler aux perturbations induites par le réchauffement climatique.
1) La POLLUTION par les PESTICIDES et leur impact environnemental et sanitaire :
n’est pas directement lié au réchauffement climatique, mais il est bien en relation avec l’anthropocène c’est-à-dire aux perturbations directement engendrées par les activités humaines ; en l’occurrence par l’usage de produits chimiques de synthèse, qui sont « biocides » pour le végétal, les cryptogames (champignons), les insectes... et qui sont tous toxiques à des degrés divers pour les organismes aquatiques, la faune, et l’homme.
Des centaines de milliers de publications existent sur ce sujet…
La pollution des sols et de l’eau destinée à la consommation humaine (EDCH) est des problèmes les plus graves qu’il faudra bien affronter, et dont les solutions sont la protection des captages, et une transition des pratiques agricoles vers l’agro-écologie.
Citons l’un des plus récents, repris par le rapport du CESE, qui est le Rapport d’Expertise de l’INSERM en 2021 établissant un lien avéré ou fortement suspecté entre 6 pathologies et une intoxication humaine par les pesticides (8) :
– les lymphomes non-Hodgkiniens, certaines leucémies
– des cancers en particulier de la thyroïde, de la prostate (notamment consécutif à l’emploi de Chlordécone dans les bananeraies aux Antilles) ou des cancers pédiatriques (glioblastomes…)
– des effets Perturbateurs endocriniens responsables de puberté précoce chez les fillettes, d’infertilité, de dysthyroïdies, de troubles de l’axe hypophyso-ovarien…
– des maladies neuro-dégénératives (maladie de Parkinson, et certaines démences de type maladie d’Alzheimer…)
– des effets reprotoxiques et foetotoxiques, parfois avec malformations congénitales
– des troubles développementaux de l’enfant, dont suspectés certains troubles du « spectre autistique » ; qui surviendraient lorsque la mère a été exposée à des pesticides pendant la grossesse.
L’accent est mis sur l’importance cruciale des « 1000 jours » (soit la période d’exposition
allant de la conception à l’anniversaire des 2 ans de l’enfant) où le fœtus puis le jeune enfant est particulièrement sensible et vulnérable à des doses faibles de pesticides de synthèse.
Une grande étude épidémiologique, PestiRiv, lancée en 2021 avec le concours de l’ANSES, est destinée à mesurer l’exposition aux pesticides des personnes vivant à proximité des cultures viticoles.
2) En matière de POLLUTION de l’AIR, de l’ENVIRONNEMENT, et de l’ALIMENTATION :
il faut ajouter :
. les émissions provenant des moteurs thermiques qui polluent l’atmosphère : Dioxyde d’azote, Hydrocarbures, Particules fines (= HAP ou hydrocarbures aromatiques polycycliques) qui sont de grands pourvoyeurs de pathologies respiratoires (prédisposition infantile aux bronchiolites chez les enfants vivant en agglomération comme en région parisienne ; asthme ; BPCO = bronchopneumopathie chronique obstructive) ; en outre, ils sont cancérigènes (et prédisposent au cancer bronchique).
. les nanoparticules de plastique qui proviennent de la dégradation superficielle des bouteilles plastique, barquettes et emballages alimentaires, sacs plastiques… qui seraient cause de polypes intestinaux et cancérigènes
. certaines substances chimiques comme le Bisphénols ou les Phtalates qui rentraient dans la composition de récipients alimentaires (dont des biberons), ou d’éprouvettes de laboratoire... et qui se sont révélés être de redoutables perturbateurs endocriniens !
. enfin, la liste est longue d’autres substances toxiques qui empoisonnent notre environnement comme :
les PCB qui sont des polluants persistants (comme le Pyralène utilisé dans les transformateurs) et reconnus cancérigènes ;
les composés perfluorés, d’origine industrielle, dont des centaines polluent l’eau « potable » ;
les retardateurs de flamme bromés qui ont été incorporés dans les tissus d’ameublement, les revêtements de salon, les tapis... il sont partout, dans l’air, l’eau et les aliments ; ces molécules halogénées sont des perturbateurs thyroïdiens ; ils sont suspectées d’induire des retards mentaux chez les enfants nés de mères en hypothyroïdie ; certains sont cancérigènes...
les pluies acides qui provoquent un dépérissement des forêts (Forêt noire, Vosges..) sont dues à l’acide sulfurique, au nitrate d’ammonium, à l’acide nitrique et à l’oxyde d’azote qui viennent de la combustion des énergies fossiles (centrales à charbon, pétrole, gaz).
3) Un exemple de cumul dévastateur :
Déforestation + Pollution + Risque sanitaire :
le cas de l’HUILE de PALME dont la culture extensive sur des millions d’hectares en Afrique et surtout en Indonésie est un exemple de destruction écosystémique, avec une déforestation sur d’immense surface pour cette monoculture rentable, avec usage massif de produits phyto-sanitaires (dont certains sont interdits en Europe à cause de leur toxicité). L’impact environnemental est désastreux ! Le niveau d’intoxication des travailleurs, souvent très jeunes, l’est aussi !
Or, l’huile de palme, dont le commerce a été répandu par ce qu’elle est bon marché, est constituée à moitié d’acides gras saturés qui prédisposent à l’obésité, au diabète, aux maladies cardio-vasculaires, et dont l’huile chauffée et cuite est cancérigène !
Et une partie de cette culture a une destination industrielle, l’huile servant à fabriquer du « bio-carburant » (appellation mensongère, car issue de pratiques agricoles non-bio)
III/ Considérations SOCIALES et SANITAIRES
11 % des travailleurs salariés en usine sont exposés à des agents cancérogènes !
(CESE 2022) (1) dont on devine les risques pour la santé.
Le nombre de cancers dans la populations mondiale n’a jamais été aussi élevée !
Ceux qui vivent le plus dans la précarité sont (et seront davantage encore) les plus impactés par le réchauffement . Car les logements mal chauffés prédisposent leurs habitants à des maladies ORL ou broncho-pulmonaires.
Ce sont chez eux que les cas d’intoxication au monoxyde de carbone (CO) sont les plus fréquents (1.300 cas par an)(1)
Le peu de ressources pécuniaires entraine une mauvaise alimentation (produits de base aux plus bas coûts achetés dans les supermarchés, ou de produits dépassant la date limite de vente distribués dans des « Restos du coeur »… « malbouffe » par excès de pâtes, de mauvaises graisses comme l’huile de palme…). Le paupérisme est source de malnutrition, mais aussi d’obésité…
Une étude menée par ATD Quart Monde dans 1.358 aires de Gens du voyage installées sur d’anciennes friches industrielles a montré que plus de la moitié étaient polluées, notamment au Plomb ! (risque sanitaire de saturnisme).
Le Document du CESE (cité supra) conclut à ce sujet :
« Les catégories sociales les plus exposées aux risques environnementaux sont aussi celles qui accèdent le plus difficilement aux soins et aux actions de prévention primaire » (p.22) (1).
Autant avouer que si les difficultés d’accès aux soins persistent dans nos territoires, les maladies émergentes (comme les épidémies à venir, les « maladies de civilisations » aussi bien psychiques que somatiques, dont les cancers en augmentation) risquent de ne pas faire l’objet d’une prise en charge possible satisfaisante, déjà pour la population générale, encore moins pour les défavorisés…
IV / CONCLUSIONS :
Si l’on veut stopper l’aggravation prévisible du réchauffement climatique annoncé à plusieurs reprises par les scientifiques du GIEC, avec la liste de leurs conséquences dramatiques sur l’environnement, les peuples et leur santé… il est urgent de mettre en œuvre les solutions qui existent telles qu’énoncées dans le dernier Rapport du GIEC d’Avril 2022 (9).
Sources :
– (1) « Pour une politique nationale de santé-environnement au coeur des territoires » Isabelle DORESSE et Agnès POPLIN-DESPLANCHES, CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental) Mai 2022
https://www.lecese.fr/travaux-publies/pour-une-politique-publique-nationale-de-sante-environnement-au-coeur-des-territoires
– (2) « Les effets du réchauffement climatique sur la santé : les pays en développement sont les plus vulnérables » Parotosh KASIOTA, ONU, chronique
– (3) « Changement climatique : quels effets sur notre santé ? » Emmanuel DROUET, encyclopédie-environnement.org, 16/02/2020
– (4) (Dengue et Dengue sévère » OMS, 10 janvier 2022
– (5) « Zika », Institut Pasteur, Avril 2016
– (6) « L’exode de réfugiés en provenance du Soudan du Sud se poursuit. Le HCR signale une sérieuse insuffisance de fonds » UNHCR, 19 Avril 2016
– (7) « Amérique centrale : les raisons de l’exode vers les Etats-Unis » France 24, 23/01/2019
– (8) « Pesticides et santé : Nouvelles données (2021) » INSERM, publié le 25/06/2021, modifié le 19/11/2021
– (9) « Nouveau Rapport du GIEC : Quelles solutions face au réchauffement climatique », publié le 6 Avril 2022, service-public.fr
Dr Dominique COQUERET
Auxerre, 4-5 Novembre 2022
domcoquer wanadoo.fr