– Adeny : 4ème trimestre 2024 : Le capitalisme est méchamment punitif
Puisque les fleurs ne se mangent pas, aucune restriction à l’usage des pesticides pour leur culture et leur conservation n’a été imposée à la filière d’importation européenne. Pour Emmy, morte à 11 ans d’une leucémie déclarée dès ses 4 ans, il vient d’être reconnu que la cause de son cancer est l’imprégnation par les pesticides de sa mère exerçant l’activité de fleuriste pendant sa grossesse. Pour les tenants du capitalisme, qui combattent toute forme de régulation, la prospérité de la filière fleurs vaut bien ce sacrifice.
2015, Brésil : un barrage retenant des résidus miniers cède et déverse 40 millions de m3 de boues toxiques, tuant 19 personnes, saccageant villages, routes et ponts et causant de graves dommages écologiques. Ce barrage était la copropriété de deux groupes miniers dont l’australien BHP, l’un des plus gros au monde. BHP connaissait les risques d’une rupture du barrage dès 2012 mais a néanmoins décidé d’augmenter la production de la mine. Une première condamnation a été prononcée début 2024 par un tribunal brésilien. Un nouveau procès se tient pour plusieurs mois à Londres, où 620 000 plaignants ont engagé la plus vaste action collective jamais menée. Leur but est d’être reconnus victimes de la soif de profit de BHP et justement indemnisés. Celui de BHP est d’éviter une amende record, cynisme et hypocrisie comme principe de défense. Deux qualités essentielles pour un groupe capitaliste de cette envergure.
4 novembre 2024, France, projet de financement de la sécurité sociale. L’Assemblée Nationale adopte un amendement instaurant une taxe sur les sucres transformés, bien que la ministre de l’Agriculture se refuse à mettre "des boulets aux pieds" des industriels français. Signifiant par-là que l’explosion de la double épidémie de diabète et d’obésité n’est pas un boulet pour notre pays. Juste une punition collective, à supporter pour que l’industrie agroalimentaire reste florissante... L’amendement sera-t-il conservé ?
Fin octobre, Espagne. Des trombes d’eau s’abattent sur la région de Valence, intenses comme jamais du fait de la température élevée de la Méditerranée, causant plus de 220 morts. L’ampleur des dégâts tient à l’urbanisation galopante des dernières décennies, contribuant aux émissions de gaz à effet de serre qui alimentent le réchauffement. On aurait pu ne pas bétonner autant... Mais les promoteurs ont été si convaincants ! NB. Les autorités régionales la jugeant inutile et coûteuse, ont supprimé cet été "l’unité valencienne de réponse aux urgences" créée par la précédente coalition socialiste et écologiste.
Il devient difficile de ne pas voir le côté systémique des drames auxquels nous assistons. Et remonter le temps est bien cruel. En 1972, Dennis Meadows publiait "les limites de la croissance", appelé "rapport Meadows". Cette alerte basée sur l’analyse rigoureuse des données disponibles décrivait l’urgence écologique et prévoyait ce à quoi l’inaction nous a conduit. En dépit de ce qu’ils savent, de ce que martèlent à longueur de temps les scientifiques du monde entier, voilà 52 ans que les thuriféraires du capitalisme refusent de plier devant les réalités écologiques et les limites planétaires. Trump réélu président des USA est l’un d’eux, il traite le changement climatique de canular, se fiche de la montée des eaux... Le capitalisme tient sa puissance du pétrole, du gaz et du charbon, qui conduisent à l’enfer climatique... L’Azerbaïdjan, pays de la COP29, partage l’ambition de Trump "forer, forer, forer"... Le nord de la France connait ses premiers réfugiés climatiques... Le capitalisme est méchamment punitif.
Alors ? Se dire qu’"Il y a toujours un dixième de degré, un hectare de biodiversité, un geste de solidarité, une vie, un sourire à sauver." (Corinne Morel-Darleux in Reporterre). Les habitants de Valence et Paiporta nous montrent à quel point l’entraide est puissante et réconfortante.
Sources : Libération, Novéthic...
Sommaire
Oxygène noir ; récolter l’eau de pluie ; régénération naturelle assistée COP biodiversité ; robustesse versus performance |
p. 2 à 5 |
Thon au mercure ; Poiscaille une pêche durable | p. 6 |
Fleurs, fruits, légumes et pesticides | p.7 |
Nestlé Waters, suite... | p.8 |
Infos locales ; brèves ; atlas des champignons du sol ; appel de Lorient | p.9 à 12 ; 14 et 15 |
Billet d’humeur de Minnie | p.11 |
Rapport moral et d’orientation AG du 12 octobre | p.13 |
L’énergie osmotique | p.14 |
Des transports aériens écologiques ?? | p. 15 et 16 |
– ADENY : 3ème trimestre 2024 : J’peux pas, j’ai gradualisme
Dans un flot d’infos complexes, panne de sens pour l’édito, à la recherche d’un fil conducteur... Fichu pour fichu, fil pour fil, pourquoi ne pas essayer celui du gradualisme ?
Voici en quelques mots les grandes lignes d’une géniale théorie des années 90, basée sur les travaux de William Nordhaus, selon laquelle il sera moins coûteux aux générations futures de s’adapter au changement climatique qu’aux générations actuelles de lutter contre. Ne surtout pas brusquer le marché, qui est la solution, ni les entreprises qui en sont les actrices : Toute réglementation aggrave les choses alors qu’accorder un prix aux pollutions et gaz à effet de serre (GES) émis incite les entreprises à réduire "graduellement" leurs émissions. En 2018, W. Nordhaus reçoit le prix Nobel d’économie alors que le modèle issu de ses travaux envisage un "optimum de réchauffement" de 4°C (!!) par une réduction modeste et progressive des émissions... de fait, le modèle gradualiste, sur lequel repose le lobbying de l’industrie fossile, s’est imposé depuis Kyoto-1997 à chaque grand raout mondial. La procrastination nobélisée, quoi de mieux pour justifier les vaines politiques climatiques des états ? Infléchir en douceur les orientations, jouer sur les comportements, inciter sans contraindre... Cela DOIT suffire. Devant l’absence manifeste de résultats, répéter en boucle ce mantra : "tout s’arrange à la fin, si ça s’arrange pas c’est que c’est pas encore la fin" (Alain Chamfort).
À l’aune des intérêts économiques le gradualisme sert d’excuse, de raison. Quand le gouvernement en sursis expédie les affaires "courantes"... en courant, par exemple. Le marché est avide de métaux et terres rares ? Gavons-le : Le 5/7, un décret du ministère de l’économie qualifiait de projet d’intérêt national majeur l’extraction et la transformation de lithium par la société Imérys dans l’Allier. L’extraction minière a certes des impacts environnementaux et sanitaires, mais pas question d’attendre jusqu’au 31/7 le rapport de la Commission nationale du débat public sur ce projet... Le 2/7, le ministère signait deux arrêtés : L’un accorde un permis exclusif de recherche de mines de lithium et substances connexes dans le Haut-Rhin, l’autre un permis exclusif de recherche tous métaux et terres rares dans le Rhône. Objectif : dématérialiser plus, électrifier plus... La protection des milieux naturels, s’il en reste, attendra.
De même, histoire de maintenir ferveur populaire et liesse collective, banco pour les JO d’hiver 2030. Le contexte s’y prête en effet. Dans les Alpes, les catastrophes climatiques s’amplifient depuis 2022. Fonte des glaciers, pluies et crues torrentielles, glissements de terrain... 2024 : La ligne de chemin de fer Briançon-Gap est à moitié fermée ; celle reliant la Savoie à l’Italie l’est totalement au moins jusqu’en fin d’année ; partout le coût du rétablissement des routes coupées explose ; Le 20 juin, le village de la Bérarde (St-Christophe en Oisans, Isère) est rayé de la carte. Comment estimer le traumatisme des habitants et surtout y porter remède ?
L’image d’une montagne domptée, devenue parc d’attraction géant, n’est qu’un dangereux trompe-l’œil. Qui peut croire sérieusement que ça ira mieux dans six ans ? Que la neige sera au rendez-vous quand elle a manqué cette année pour assurer toutes les épreuves des championnats du monde de ski ? Sûrement pas les militants rhônalpins de No-JO. Ils parlent de dépenses inconsidérées quand l’argent manque dans les services publics, ils dénoncent l’accaparement de l’eau pour la neige artificielle, ils disent que le déni n’a jamais résolu le moindre problème, et moins que tout autre le déni climatique... Si ça se trouve, en plus de ne pas vouloir des JO chez eux, ils ne comprennent rien au gradualisme...
Sources : The Conversation ; no-jo.fr
Sommaire
Du pain, des jeux et du coca | Pages 2-3 |
Énergies renouvelables | Pages 3-4 |
Santé, alimentation et environnement | Pages 4-5-6 |
Eau inépuisable ; TFA dans l’eau | Pages 6-7-8-9 |
Solutions fondées sur la nature | Page 10 |
Billet d’humeur, brèves et agenda | Pages 11-12 |
– ADENY : 3ème trimestre 2023 : Contrariétés, anicroches, déboires etc..
Contrariété : Dépit causé par l’opposition que l’on rencontre ; mécontentement, irritation ; déplaisir causé par un événement négatif imprévu... Ex : Le ministre de l’intérieur vient d’éprouver une vive contrariété en apprenant jeudi 9 novembre que le Conseil d’État annulait le décret du 21 juin 2023 portant dissolution du groupement de fait "Les Soulèvements de la Terre".
La sanction de la plus haute juridiction du pays est d’autant plus contrariante qu’elle a été joyeusement accueillie par la Ligue des Droits de l’Homme, les ONG et les syndicats qui avaient saisi le Conseil d’État. Commentaire de Laury-Anne Cholez, journaliste à Reporterre : "C’est une décision qui reconnaît le droit des citoyens et des citoyennes à se battre contre les projets polluants et écocides, dont certains sont considérés illégaux par la justice, comme les cinq mégabassines de Charente-Maritime." Ah, ces maudites bassines !!!
Anicroche : léger obstacle, petit contretemps, difficulté de petite envergure, complication légère. Jusqu’à présent, les décisions de tribunaux administratifs (TA) déclarant illégales des mégabassines déjà construites étaient considérées comme de simples anicroches par leurs propriétaires, qui continuent de les utiliser sans entrave d’aucune sorte.
Déboire : Échec, revers causant une amère déception. Ex : La décision du 3 octobre rendu par le TA de Poitiers, annulant les projets de quinze mégabassines en Charente, Charente-Maritime et Deux-Sèvres, est un déboire pour ceux qui comptaient sur les 3 millions de mètres cubes d’eau qu’elles devaient stocker. Le mot un peu désuet de camouflet convient aussi, le tribunal ayant jugé que ces projets n’étaient "pas associés à de réelles mesures d’économie d’eau" et n’étaient pas adaptés aux effets du changement climatique. Benoît Biteau, opposant historique aux mégabassines et député européen, s’en réjouit "les magistrats administratifs écoutent et s’approprient les conclusions des scientifiques, et les traduisent en décisions de justice."
Entêtement : Fait de persister dans un comportement volontaire sans tenir compte des circonstances. Ex : l’État fai(sai)t preuve d’entêtement en n’exigeant pas la démolition des bassines illégales et en continuant à soutenir des projets de mégabassines.
Manger son chapeau : Reconnaître son erreur. C’est ce que le ministère de l’agriculture vient enfin de faire [Reporterre 9/11/23] : Interrogé sur l’avenir des cinq mégabassines illégales de Charente-Maritime, le conseiller du ministre a été très clair. "Là où il y a des retenues illégales, elles seront démontées. Les décisions de justice seront respectées et l’État les fera appliquer." S’il n’y avait que les bassines !!
Hélas, il y a tant et tant à contester, et dans chaque territoire, ne serait-ce que le très médiatique projet d’autoroute A69, que l’État s’obstine à soutenir de toutes les façons : [Le Monde 5/11/23] "La scène a choqué. Alors que plusieurs dizaines de participants écoutaient une conférence de scientifiques contre le projet d’autoroute A69, devant relier Castres à Toulouse, ils ont été aspergés de gaz lacrymogène par les gendarmes...". Comme si cet épisode désastreux allait faire taire la contestation...
Aveuglement : état d’une personne privée de discernement, de sens critique. Errements : Manière hasardeuse dont une affaire est conduite, sans rigueur, souvent par une personne frappée d’aveuglement. Exemple : [Agir pour l’Environnement, après la décision du Conseil d’État du 9 novembre] "Face aux errements d’une classe politique qui, très majoritairement, n’arrive pas à prendre en compte les effets du bouleversement climatique et de l’effondrement des écosystèmes, nous n’avons souvent d’autres choix que celui de contester radicalement les grands projets inutiles et imposés."
Sommaire
Data centers, eau et énergie | Page 2 |
Santé environnementale | Pages 3-4 |
Cultures et eaux contaminées | Pages 5-6-7 |
Montagne sans glaciers ? | Pages 7-8 |
OGM ; réemploi du verre | Pages 8-9 |
Luttes locales, bois illégal, agenda | Pages 10-11-12 |
Association de Défense de l’Environnement
et de la Nature de l’Yonne
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